ENTRETIEN AVEC HERVÉ KEMPF
Le capitalisme vit dans un « monde magique »
La Presse
(Rires) C’est évident que c’est une perte de revenus conséquente, au moins 30 %. Mais il faut être logique. Ma femme est d’accord. Nous sommes de la classe moyenne supérieure, j’avais un bon salaire. Nous devons nous dire : « on ne mange pas là, ça coûte cher ». Ou ne pas acheter ce petit truc qui nous ferait plaisir. Mes cinq enfants ont de 15 à 29 ans, ils sont quasiment tous casés. Nous nous sommes toujours débrouillés pour ne pas avoir de dettes, nous sommes locataires.
Non, j’ai déjà fait des choix similaires. Quand j’ai monté Reporterre et que je me suis cassé la figure, en 1989, j’avais déjà quatre enfants. Et en 1992, j’ai quitté une émission de télé pour un problème de déontologie. Une fondation financée notamment par EDF finançait l’émission et avait fait des pressions après un reportage sur l’opposition à une ligne à haute tension dans les Pyrénées.
On pourrait analyser ça plus finement. Au lieu de penser l’éolien ou le solaire comme une industrie, on pourrait avoir une gestion région par région, pour limiter les lignes à haute tension qui déparent le paysage.
Les énergies nouvelles sont en ce moment le cheval de Troie pour l’industrialisation des régions encore peu développées. Ce n’est pas seulement une question paysagère. Il faut arrêter de penser que l’espace est illimité. Il faut absolument être économe. Je pense à un cas en Bretagne, où des communes ont consulté les citoyens et formé une société coopérative d’énergie éolienne dont les recettes ne vont pas dans les poches des entreprises, mais restent dans la communauté et permettent de financer des dispositifs d’économie d’énergie.
Les riches qui achètent les plus beaux endroits, c’est du gaspillage de l’espace, lié à la spéculation foncière. Ça oblige à l’étalement urbain. Si on diminue les inégalités, les riches ne prendraient pas les plus beaux endroits.
Je ne crois pas. Prenez le nucléaire. On a grandement sous-estimé le coût des déchets nucléaires dans les années 70. Et on l’a vu avec Fukushima, les conséquences d’un accident sont trop énormes pour qu’on garde cette source d’énergie. J’avais une vieille DS (Citroën) et un jour, mon garagiste m’a dit que le châssis allait inévitablement briser. Je l’ai vendue à un collectionneur.
Si quelqu’un ose dire que l’environnement est en meilleure posture en Chine et au Brésil qu’il y a 50 ans, je demande à le voir. C’est une fumisterie. J’aime bien l’
, mais son rédacteur en chef est chaque année à la réunion du groupe Bildenberg [réunion internationale de personnalités des affaires et de la politique qui se déroule à huis clos].La Suède, le Danemark. Mais il ne faut quand même pas demander aux écologistes de prouver qu’ils ont raison de demander un autre système. La situation actuelle n’est pas brillante. Le chômage est élevé, le système financier demeure fragile.
Croyez-vous que ce sont des emplois durables ? On prend une ressource et on l’éteint. Prenez les baleiniers de Nantucket. Ils généraient beaucoup d’emplois. Maintenant, il n’y en a plus.
On est allé de destruction en destruction.
Je ne les révélerai pas. J’ai gagné la bataille médiatique avec
70 000 personnes ont lu mon article à ce sujet sur Reporterre.